"Sell in May and go away" est un adage bien connu dans le monde de la finance. Il renvoie à un phénomène de saisonnalité selon lequel les rendements enregistrés par les marchés financiers sont meilleurs entre novembre et avril que sur la période mai à octobre. Comment expliquer un tel phénomène ? Quels sont les facteurs qui viennent l’entretenir ?
Des études montrent que les indices boursiers, comme le S&P 500 aux États-Unis et le FTSE 100 au Royaume-Uni, affichent des rendements moyens plus élevés de novembre à avril. Par exemple, entre 1950 et 2020, le S&P 500 a enregistré un rendement moyen d'environ 7% pendant cette période, contre seulement 1,5% de mai à octobre.
Cette surperformance serait due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la faible activité des marchés pendant l’été. En effet, de nombreux investisseurs institutionnels et particuliers prennent des vacances, ce qui peut entraîner une baisse des volumes de transactions et de la liquidité sur les marchés. Cette moindre activité peut conduire à des mouvements de prix plus volatils et moins prévisibles, rendant les marchés plus susceptibles aux fluctuations.
Un autre facteur serait la prise de bénéfices suite à la hausse des marchés. Ainsi, après avoir réalisé des gains escomptés durant la forte période hivernale, les investisseurs peuvent être enclins à vendre leurs positions pour sécuriser leurs profits avant la période estivale. Si un investisseur a acheté des actions en novembre et qu'elles ont bien performé jusqu'en avril, il pourrait décider de vendre en mai pour éviter les incertitudes estivales.
La surperformance hivernale proviendrait aussi de la réallocation sectorielle. En effet, certaines stratégies d'investissement incluent une réallocation des actifs en fonction des saisons. Les investisseurs peuvent réduire leur exposition aux actions et augmenter leur allocation en obligations ou en actifs plus défensifs pendant les mois d'été.
Enfin, les entreprises, tout particulièrement celles du secteur de la consommation discrétionnaire, peuvent connaître une baisse d'activité pendant l'été. A titre d’exemple, les entreprises de détail peuvent voir une diminution des ventes après les fêtes de fin d'année et les soldes d'hiver, affectant leurs bénéfices et le cours de leurs actions.
"Sell in May and go away" est un adage basé sur des tendances historiques, mais ne peut en aucun cas prédire des résultats de chaque année. Les marchés financiers restent influencés par une multitude de facteurs économiques, politiques et sociaux interdépendants. Si certains investisseurs souhaitent utiliser cet adage comme un point de réflexion, il est essentiel de baser leurs décisions d'investissement sur une analyse approfondie des conditions de marché actuelles et au vu de leurs objectifs financiers personnels.
Kamal CHANCARI - Responsable gestion diversifiée & gestion sous mandat