La France a connu un choc politique avec la dissolution surprise de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier qui a créé un contexte politique incertain et agité créant une certaine défiance sur le marché français. Ce type de choc a un impact immédiat et souvent significatif sur les marchés financiers.
Aussi, le CAC a chuté de 6,2% la semaine qui a suivi la dissolution sans qu’il n’y ait eu de panique sur les marchés. Depuis il s’est repris ne perdant plus que 3,9% depuis la dissolution à la veille du second tour.
La crainte de la dégradation de la situation financière française, et de la soutenabilité de la dette française en particulier, qui était déjà mal en point avant la dissolution, a inquiété les investisseurs.
Si sur les marchés obligataires, le taux 10 ans français est resté relativement stable, c’est l’écart entre les taux 10 ans français et allemands ou « spread » (indicateur de mesure de la confiance des investisseurs dans la France et ses perspectives économiques de long terme) qui s’est accentué. Il est passé de 50 points avant la dissolution à 67 points le 5 juillet dernier après avoir touché un plus haut depuis 2012 (au moment de la crise des dettes des Etats de la zone euro) à 86 points.
La France peut difficilement se permettre d’aggraver son déficit budgétaire.
Il n’y a qu’à se référer à l’exemple anglais et en particulier au mini budget de Liz Truss au Royaume-Uni en septembre 2022. Ce dernier, qui comprenait des mesures budgétaires massives avec de fortes baisses d’impôts sans financement clair, avait alors déclenché une forte réaction négative des marchés financiers britanniques faisant fuir les investisseurs pour se terminer 45 jours après sa nomination par le départ de la Première ministre. De même le spread de taux entre les obligations d’état à 10 ans entre l’Italie et l’Allemagne s’était fortement écarté avec l’arrivée de Gorgia Meloni aux commandes de l’Italie en octobre 2022. Mais les inquiétudes se sont vite apaisées, les trajectoires budgétaires ont été dessinées en phase avec les préconisations de la Commission Européenne et le spread est rapidement revenu à son niveau antérieur.
Ainsi il semblerait que, bien que la situation soit confuse sur le plan politique, le prochain gouvernement français disposera de peu de latitude atténuant ainsi pour la France et l’Europe les risques macroéconomiques.
A la suite de l’annonce de la dissolution, les valeurs particulièrement attaquées ont été celles sensibles aux taux (financières, utilities, foncières), les sociétés régulées contractant avec l’état (concessions, audiovisuel), et les petites et moyennes entreprises.
Dans cet environnement, nos fonds européens, ayant un poids français plus important que celui de leur indice de référence, ont sous-performé en relatif, le marché français ayant été plus fortement impacté. Cependant il faut relativiser cette part française face au poids des revenus issus des grandes entreprises françaises du CAC 40 sur le territoire national, qui ne représente qu’une vingtaine de pourcents.
Dans ce contexte, nous avons arbitré une partie des valeurs françaises dans les secteurs des concessions, bancaires ou encore des utilities en faveur des valeurs qui bénéficient d’une protection grâce à leur exposition mondiale. Nous avons réduit ainsi notre biais français, qui nous a porté jusqu’à présent en termes de performances. Une diversification géographique et sectorielle permet généralement de mieux absorber l’émergence de ce type de choc.
Cependant nous ne changeons pas de cap. Nous restons toujours investis sur les valeurs durables de qualité qui mettent au cœur de leur stratégie le capital humain et l’environnement avec une bonne gouvernance sur trois enjeux porteurs de performance LT (transition énergétique, digitale et démographique).
Naturellement nous restons attentifs aux développements à venir.
Marie-Pierre GUERN - Directrice de la gestion et responsable ESG
Performance des fonds Palatine Asset Management au 30/06/2024
Source: MorningStar Direct & Quantalys
Données arrêtées au 30/06/2024. Les chiffres cités ont trait aux années écoulées. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures. Les références à un classement, un prix, un label ou une notation ne préjugent pas des résultats futurs des fonds ni de leur gestionnaire.