Depuis le début de l’année, et particulièrement en mars, les marchés financiers enregistrent une hausse de l’aversion au risque, notamment aux États-Unis. L'exceptionnalisme américain, tant vanté en début d'année, a cédé la place à l'inquiétude et à l'incertitude quant à la trajectoire de l'économie américaine. En effet, nous observons un ralentissement marqué de la première économie mondiale, illustré par la chute du PMI manufacturier (Purchasing Managers Index), qui est passé de 52,7 en février à 49,8 en mars. Ce déclin est également corroboré par la troisième estimation du PIB américain pour le quatrième trimestre, qui, bien que légèrement supérieure aux attentes à 2,4 % (contre 2,3 % anticipés), demeure inférieure aux 3,1 % enregistrés au trimestre précédent. Ces éléments confirment les signes de ralentissement de l'économie américaine, poussant les stratégistes à prendre de plus en plus au sérieux le risque de récession.
Parallèlement, les chiffres de l'inflation aux États-Unis se révèlent plus faibles que prévu. Toutefois, cette baisse apparaît fragile. En effet, au-delà des chocs externes liés aux tensions géopolitiques, les mesures américaines en matière de droits de douane pourraient avoir un impact significatif sur l'inflation. Ces tarifs douaniers risquent de faire grimper le niveau général des prix, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur les consommateurs et les entreprises.
De plus, le marché est particulièrement sensible aux annonces concernant les droits de douane. À chaque annonce du président Trump sur l'augmentation des tarifs, la réaction du marché est souvent négative et excessive. Cette incertitude a également terni le moral des consommateurs et des investisseurs particuliers américains. Le dernier indice de confiance des consommateurs a atteint son niveau le plus bas depuis quatre ans, s'établissant à 92,9, en dessous des attentes de 94,0. Les résultats des sondages auprès des particuliers montrent que seulement 20 % d'entre eux se déclarent haussiers en mars, contre 50 % en décembre. Le sentiment baissier a dépassé 50 % pour la cinquième semaine consécutive, représentant ainsi la deuxième plus longue période de sentiment négatif depuis le début de cette enquête en 1987.
Dans ce contexte incertain, nos indicateurs signalent que nous sommes entrés dans une phase de risque élevé, préconisant une réduction de l’exposition aux marchés actions, en particulier aux États-Unis. Ce signal a été émis fin février, lorsque nous avons détecté une hausse de la volatilité implicite sur les indices actions, les devises et les taux. Les spreads de crédit se sont également élargis, et la liquidité se réduit sur toutes les zones géographiques. En plus de l'augmentation de l'aversion au risque, les indicateurs se détériorent, montrant une dégradation croissante de la situation.
Face à ces incertitudes et signaux négatifs, nous avons adopté une posture prudente. Nous avons réduit notre exposition aux actions, en diminuant la part américaine au profit de placements monétaires et de crédits à court terme. De plus, nous avons rééquilibré notre exposition aux styles en passant d'un style de croissance à un style value. Enfin, nous avons introduit une exposition à la Chine afin de profiter de la croissance potentielle générée par le nouveau plan de relance de l'économie chinoise, axé sur la consommation interne.
Kamal CHANCARI - Gérant du fonds Palatine Amérique